L'enfance rime avec innocence, mais elle est surtout la promesse d'une nature humaine dont l'achèvement est sans cesse à conquérir...
C'est ce que Noël vient de me redire!

L'achèvement est le lot de tout être, qui naît inachevé. Est-on pour autant tenu de sortir de l'insouciance, de la spontanéité, de la générosité, de la confiance, qui caractérisent le tout petit qui n'est pas encore déformé par la vie, pour entrer dans du plus en plus "sérieux", et dans la spéculation? Pour quitter l'innocence originelle et entrer dans "la maturité", on opte facilement dans ce que l'on prend pour une indépendance, qui ouvre la porte à beaucoup de désillusions et conduit à de l'enfermement!
Dieu est la Lumière du monde qui vient apaiser nos ténèbres intérieurs. À Noël, il est venu éclairer notre vie en nous informant sur la Vie. Il s'est fait enfant pour nous appeller à le devenir, ou à le redevenir, par choix. Il nous invite à le suivre.
Je ne me lasse pas de rester "yeux dans les yeux" avec Ba, mon petit-fils de six mois. Ses yeux me fascinent, parce qu'ils sont beaux, mais surtout parce qu'ils sont perçants jusqu'à parvenir à m'effleurer l'âme. Dans sa toute innocence, son regard fait le lien entre le ciel et la terre. Nous tenons des conversations muettes, tout un inexprimable par des mots qui contient un peu du Mystère de l'Au-Delà.

Le regard insistant de Ba sur tout ce qui brille correspond à cette soif instinctive que nous avons de capter la lumière, au sens propre, et combien plus encore figuré. Par besoin de voir, pour interroger, découvrir, recevoir, communiquer. Or, en grandissant, on perd la spontanéité de se laisser surprendre par l'éclat de ce qui nous est donné naturellement, de s'en saisir avec plaisir, sans chercher systématiquement du toujours plus "flashant" dans l'artificiel. Par la suite, il est bien compliqué de retrouver une nouvelle innocence, consciente, libérée, vierge de tout contenu, qui permet de recueillir les précieuses gouttes de lumière de Vie qui ruissellent autour de soi. Pour savoir les regarder à nouveau, il faut un regard neuf!
Il n'y a pas d'âge pour contempler la beauté. Il faut simplement retrouver le goût de l'étonnement, ainsi que savent si bien le faire les enfants.
"Un homme qui a fini de s'émerveiller a pratiquement cesé de vivre", disait Albert Einstein (1879-1955).